« Chez nous, le client est vraiment au centre de nos préoccupations »

Nous rencontrons Thomas Aertgeerts, juriste fiscaliste et cofondateur d’Astro, à l’ancienne Maison du Notariat de Louvain. L’endroit où se passaient auparavant les ventes publiques de biens immobiliers héberge désormais un espace de coworking pour les entreprises en croissance. Astro y a trouvé un abri après une phase de croissance impressionnante. L’entreprise a récemment déménagé pour continuer de se développer.

Sur LinkedIn, Thomas se décrit comme quelqu’un qui est convaincu que l’innovation et la technologie permettront d’accélérer les conseils fiscaux et la comptabilité, de les améliorer et de les rendre moins chers. Il y a quelques années, il a décidé avec ses frères de moderniser le secteur de la comptabilité. Comme les cabinets classiques n’étaient pas encore prêts pour cela, ils en ont créé un eux-mêmes.

Thomas, nous vous connaissons comme un entrepreneur fintech. Votre projet initial était d’automatiser les conseils juridiques et fiscaux pour les cabinets d’experts-comptables. Le marché n’était-il pas encore prêt à l’époque ?


« Nous avons remarqué qu’il fallait du changement dans le secteur. Nous avons longtemps essayé d’aider les entrepreneurs via des bureaux ayant pignon sur rue, mais cela s’est avéré difficile. Les conseils sont souvent rédigés de manière artisanale, ce qui prend beaucoup de temps. Notre logiciel pouvait le faire plus rapidement et en langage humain. Mais le secteur était encore dans une phase de transition, et était confronté à des défis tels que la pénurie de personnel et la numérisation. Les bureaux traditionnels n’avaient tout simplement pas l’espace mental nécessaire pour regarder au-delà du jour présent. »
 

Fin 2022, vous avez ainsi décidé de créer vous-même un cabinet. Quelle était votre mission ?


« Avec mon frère Ruben, développeur de logiciels, et Anton Van Uytsel, expert-comptable chevronné, nous avons choisi de nous adresser directement aux entrepreneurs. Avec Astro, nous misons pleinement sur l’orientation client. En automatisant les processus, en concevant nos propres logiciels et en utilisant l’IA, nous dégageons plus de temps pour le contact personnel. Et cela, à un prix juste. Cette approche fonctionne : nous nous sommes développés à toute vitesse. »


Sans grandes campagnes marketing, c’est quand même remarquable. Comment expliquez-vous cela ?

« Les entrepreneurs veulent une communication moderne et un service rapide. Ils en ont assez d’attendre des semaines pour recevoir des conseils. Nous écoutons leurs commentaires et nous nous améliorons en permanence. Ils s’en rendent compte, et cela crée du bouche-à-oreille. »

Vous avez développé vos propres plateformes, alors que l’offre d’outils est déjà vaste dans le secteur. Pourquoi ?

« Les entrepreneurs veulent non seulement des conseils, mais aussi une plateforme accessible et durable. C’est pour cela que nous avons construit notre propre système. Les profils requis ne sont pas les mêmes que ceux que l’on retrouve dans un bureau classique, où 99 % des employés sont des experts-comptables. Chez nous, la R&D est dans notre ADN. Cet investissement est rentable. Notre plateforme est notre atout. Si je peux faire la comparaison avec une course cycliste : nous nous trouvons dans l’échappée et avons plusieurs minutes d’avance. Le peloton essaie de combler l’écart, mais cela ne fonctionne pas. »

Thomas Aertgeerts (rechts)

Parce que vous dépendez moins des grands fournisseurs de logiciels ?


« Exactement. Ils sont souvent lents et lourds. Avec une petite équipe, vous pouvez réagir beaucoup plus rapidement. Nous travaillons encore avec quelques parties externes, mais notre dépendance est beaucoup plus faible que dans les bureaux traditionnels. »


L’IA joue un rôle important chez Astro. Qu’est-ce que cela a comme impact ?


« Nous utilisons l’IA pour rationaliser les processus internes et réduire les tâches répétitives. Nous pouvons ainsi servir nos clients plus rapidement et mieux. Cela augmente la satisfaction. Ceux qui ne se tournent pas vers cette technologie aujourd’hui disparaîtront du marché à terme. »


Qui sont vos clients ? Surtout des jeunes entrepreneurs ?


« Nos clients ont généralement entre 25 et 40 ans : des consultants, des freelances, des professions créatives, des professionnels du secteur médical et des artisans. Mais nous avons aussi des clients de 18 ou 70 ans. L’état d’esprit numérique n’a pas d’âge. Ils viennent de toute la Belgique, avec une légère surreprésentation dans les villes. »


Artisan et numérisation, cela va-t-il de pair ?


« Souvent, oui. Ils sont souvent en déplacement et peuvent télécharger rapidement leurs reçus via notre app. Tout arrive directement sur la plateforme. Le contact personnel se fait par appel vidéo en direct. »

Vous communiquez de manière transparente sur vos prix. Pourquoi ?


« Nous appliquons des paramètres objectifs. Nous ne sommes pas les moins chers, mais nous offrons le meilleur rapport qualité-prix. De nombreux entrepreneurs sont mécontents de leur expert-comptable actuel. Pas à cause du prix, mais parce que le service laisse à désirer. Certains n’ont encore jamais eu d’entretien d’optimisation fiscale. Cela leur coûte de l’argent chaque année. »


Travailler de manière efficace signifie avoir plus de temps pour les conseils. Le rêve de tous les cabinets ?


« L’efficacité est un moyen, pas un but. Le travail de conformité disparaît de plus en plus, ce qui laisse de la place pour les conseils. Nous le savons tous, mais il faut aussi vraiment y travailler. »


Vous évoluez rapidement, y compris en termes de personnel. Quel est votre secret ?


« Nous écoutons nos collaborateurs. Pourquoi les experts-comptables quittent-ils la profession ? À cause du stress et des tâches répétitives. Chez Astro, vous commencez directement à conseiller des clients, à vous former et à gérer des e-mails. Pas d’heures supplémentaires, pas de stress concernant les délais. Nous offrons un espace mental et des possibilités d’évolution. Un collaborateur qui a deux ans d’expérience chez Astro en sait souvent autant que quelqu’un qui a cinq ans d’expérience dans un autre cabinet. »
 

Où sera Astro dans trois ans ?


« Dans trois ans, je veux qu’Astro soit LE nom que les entrepreneurs associent à la comptabilité numérique. Avec des clients satisfaits, des collaborateurs équilibrés et un accent fortement mis sur la rapidité de la communication et l’orientation client. Alors je serai satisfait. »

Danny De Pourcq