Quel regard portez-vous sur le secteur de la comptabilité ?
Yannick : « Traditionnellement, les cabinets d’experts-comptables ont un business model non évolutif. Si un bureau veut croître de cinquante pour cent, cela revient presque à engager cinquante pour cent de personnel en plus. Les entreprises de logiciels essaient de faire de la comptabilité un modèle évolutif, ce qui permet par exemple de doubler le chiffre d’affaires, avec peut-être seulement 30 % de ressources en plus. C’est une bonne chose, surtout dans une période où il est difficile d’attirer de nouveaux collaborateurs. »
Vous pourriez également rendre votre service plus évolutif en élargissant le self-service à votre clientèle, en d’autres termes, en mettant le client au travail. Cela a-t-il un effet défavorable sur le contact personnel et sur le prix (car le client pense alors qu’il doit tout faire lui-même) ?
Yannick : « Dans un business model No Frills, on se concentre sur l’essence du service. Sans tralala, donc. Cela permet généralement de réduire les frais pour l’entreprise et les prix pour le client. Dans le secteur de la comptabilité, il se peut par exemple que le client gère lui-même sa comptabilité et que vous, en tant qu’expert-comptable, suiviez ses opérations. Vous atteignez ici les clients qui se concentrent principalement sur le prix.
D’autre part, vous avez des entrepreneurs qui apprécient surtout le contact personnel. Il s’agit au fond d’un autre groupe cible. Mon message aux cabinets est que vous devez dresser la carte des segments de clients dont vous voulez vous occuper ou non. On ne le fait pas assez à l’heure actuelle. Il faut également définir clairement pour le client ce que représente l’agence. Le grand avantage de vous adresser à un certain type de clients est que l’expertise s’améliore et que vous comprenez mieux la spécificité de la niche. Est-ce plus difficile à organiser dans un grand cabinet ? Peut-être, mais une stratégie universelle est souvent une mauvaise stratégie. »
Les petits cabinets devraient-ils opter pour une niche s’ils ne veulent pas être dévorés par un plus grand groupe ? Et comment rester attractif en tant que petit acteur ?
Yannick : « J’ai toujours appris qu’en tant qu’acteur de niche, on est souvent une proie plus attrayante dans une vague de consolidation. Il est plus facile d’ajouter un acteur de niche à un grand cabinet. La reprise d’un cabinet universel entraîne plus de complexité. D’autre part, en tant qu’acteur de niche, vous avez également un avantage concurrentiel, car vous percevez parfaitement les besoins du client. Je suis fan à condition que le marché de niche soit suffisamment grand. »